1- UN BREF HISTORIQUE D'INTERVILLES
Intervilles, inventée en 1962 par Guy Lux et Claude Savarit est sûrement l'une des plus anciennes émissions de télévision française même si elle fut diffusée par intermittence sur plusieurs chaînes différentes. D'abord proposée sur la RTF (Radiodiffusion-Télévision Française) puis sur l'ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française) jusqu'en 1973, elle débarque sur FR3 en 1985 avant d'être récupérée par TF1 dès l'année suivante en 1986, la dernière saison sur TF1 a eu lieu en 1999. L'émission disparaîtra alors quelques années des écrans avant que France Télévisions ne s'intéresse de nouveau à ce format en le diffusant sur ses antennes à partir de 2004 (d'abord sur France 2 puis sur France 3) jusqu'en 2009. Les audiences n'étant plus suffisantes, Intervilles est alors mis au placard. Il en ressortira en 2013 à l'occasion d'une unique émission diffusée sur France 2 pour fêter les 50 ans du programme qui par ailleurs enregistrera une audience correcte et sera même en tête de la soirée (3,8 millions de téléspectateurs / 20,4% PDA). La dernière apparition du programme à la télévision était de 2014 à 2016 sur Gulli qui diffusait une version "Internationale" de l'émission, où l'équipe de France affrontait d'autres pays, un peu à l'image de "Jeux Sans Frontières". A noter qu'à la fin des années 2000, une version “Junior” sera également diffusée sur le canal 19. L'émission aurait d'ailleurs dû faire son retour en 2020 pour 4 émissions depuis DisneyLandParis avec Olivier Minne, Bruno Guillon et Valérie Bègue à l’animation et sans vachettes, mais la Covid-19 ayant modifié les plans, le tournage fut suspendu et son retour avec Nagui comme producteur est désormais incertain.
Image : Mistral productions
Mais Intervilles, qu'est ce que c'est ? La règle est simple. Dans chaque émission, deux villes françaises s'affrontent à l'occasion de jeux à caractère humoristique impliquant de l'eau, des tapis roulant, une tournette, une vachette... Chaque jeu remporté par une équipe lui fait gagner des points qui seront convertis en fin d'émission par des marches sur le "Mur des Champions". Il s'agit de l'épreuve finale où 3 concurrents de chaque équipes doivent se hisser à l'aide de leur bras et d'une simple barre en haut d'un mur incliné de 30 degrés par mouvements de traction. Chaque fin de saison, les deux meilleures équipes s'affrontent lors de la finale.
Une trentaine d’animateurs se sont succédés à l'animation du jeu dont Guy Lux, Simone Garnier, Léon Zitrone, Jean-Pierre Foucault, Laurent Mariotte, Nathalie Simon, Nagui, Patrice Laffont, Tex, Julien Lepers, Julien Courbet, Joan Faggianelli, Cécile de Ménibus ou encore Olivier Minne. Le générique de l'émission est extrêmement connu et remixé plusieurs fois depuis sa création en 1985.
Les génériques d'Intervilles de 1996 à 2014
Source : YouTube (Thomas Borinaux)
2 - L'AFFAIRE EN QUESTION
Notre dossier du jour va concerner l'époque TF1 et en particulier la saison 1997. A l'animation cette année-là Jean-Pierre Foucault, Olivier Chiabodo, Nathalie Simon et Thierry Roland. Une émission diffusée le 2 juillet 1997 va avoir des conséquences incroyables pour un des animateurs. Cette émission voit s'opposer le Puy Du Fou au Pays d'Ancenis. Lors de la diffusion, les 6 millions de téléspectateurs cette année-là ne verront rien d'anormal ce qui ne sera pas le cas du journal "Le Canard Enchaîné". Une épreuve de quiz était alors jouée lors des émissions de cette époque. Le journal est alors formel : Olivier Chiabodo a triché. Capture d'écran à l'appui, il est démontré que l'animateur a favorisé l'équipe du Puy du Fou en indiquant avec ses doigts les bonnes réponses aux questions de Jean-Pierre Foucault.
Captures d'écran TF1 (Source : huffingtonpost.fr)
Quelques jours plus tard, c'est le journal "Libération" qui va faire de nouvelles révélations, en indiquant que cela c'est déjà produit la saison passée, en 1996, une nouvelle fois en faveur de l'équipe du Puy du Fou. Les sanctions ne se font pas attendre de la part de TF1 : l'animateur est licencié pour faute grave dès la rentrée 1997. L'affaire aurait pu s'arrêter là mais la chaîne portera également plainte contre X et Olivier Chiabodo saisira les Prud'hommes.
3 – ENTRE TRICHE ORGANISÉE ET CONTRAT DE CONFIDENTIALITÉ
L'affaire est lancée et ne cessera de faire parler pendant plusieurs années, et même plusieurs décennies. Olivier Chiabodo remporte son affaire aux Prud'hommes, mais fait appel n'étant pas satisfait de la condamnation à l'encontre de TF1. Entre temps, TF1 prend contact avec son ancien animateur pour lui faire signer un contrat de confidentialité. Le but ? Plus personne ne doit parler de cette affaire. Ni Chiabodo, ni TF1, ni qui que ce soit. Le présumé “tricheur” indiquera en 2017 dans "C à Vous" sur France 5 avoir accepté pour mettre un terme à toute cette affaire et protéger sa famille qui était elle-même menacée. Le 2 janvier 2006, il est curieusement contacté par TF1 pour revenir travailler au siège de la chaîne. Puis en 2017 il est à nouveau licencié par la première chaîne d’Europe. Olivier Chiabodo sort alors enfin de son silence et raconte sa vérité.
Il n'a pas triché de sa propre initiative dit-il d'abord. C'est la chaîne et le producteur qui lui en ont donné l'ordre. Il cite d'ailleurs un propos de Gérard Louvin paru dans "Le Jackpot des Jeux Télé" un livre écrit en 2009 par François Viot : "On trichait tout le temps sur Intervilles". La chaîne voulait, dit-il, garder le suspense jusqu'à la fin des émissions, il fallait donc arranger les règles afin qu'aucune des deux équipes ne prenne trop d'avance dans le match. Il aurait donc été jeté en pâture par TF1 à la suite de l'affaire pour se dédouaner et se couvrir de toutes accusations. Olivier Chiabodo révèle également qu'il aurait été menacé de mort par les dirigeants de la chaîne et par le producteur G. Louvin en lui disant par exemple : "Fais attention, les camions roulent vite dans Paris". A la suite de son deuxième licenciement, il décide donc de porter plainte notamment pour harcèlement et de laisser l'affaire à la justice. Dans la foulée, par un communiqué, TF1 annonce attaquer son ancien salarié pour diffamation, une plainte dont Olivier Chiabodo dira d'ailleurs qu'elle n'a jamais dû être réellement déposée par TF1. L'affaire est toujours entre les mains de la justice d'après Olivier Chiabodo, interrogé fin 2019 sur Europe 1.
Olivier Chiabodo veut "laisser de côté cette histoire"
Source : Europe 1
Edito : Olivier Chiabodo, pris en flagrant délit, semble avoir été lâché par son employeur pour se couvrir. On peut difficilement imaginer quel intérêt aurait pu trouver l'animateur à avantager une équipe plus qu'une autre. Le producteur de l'époque le reconnaît volontiers dans le livre de François Viot. La chaîne n'était d'ailleurs pas si innocente qu'elle devait le prétendre pour chercher à conclure un accord de confidentialité. On ne peut donc que très peu douter de la bonne foi de l'animateur. Comme il le dit si bien dans "C à vous" : "C'est l'affaire du pot de terre et du pot de fer".
20 ans après, Chiabodo accuse
Source : France 5 / C à vous
Sources :
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